samedi 18 septembre 2010

Nowhere to hide

Il y a des moments où l'on aimerait être seul, hors de vue, hors d'atteinte...
L'enfer, c les autres, disait Sartre... j'ajouterais que l'enfer est peuplé de voyeurs.
Rassurez-vous ce qui va suivre ne sont pas des considérations philosophiques... Quoique... les plus grand philosophes ont souvent commencé par penser avec leur teub.
Par un bel après midi de printemps, j'avais décidé de laisser mon quartier trop calme et d'aller faire un tour en ville. Il faisait chaud mais pas étouffant; un vent rafraichissant soufflait en sourdine.
Immobile sur le bord de la route, je croisais les doigts pour ne pas m'être trompé d'emplacement d'arrêt du bus (dans mon bled, les bus s'arrêtent un peu où il le sentent, par charité pour les gens, ou parce qu'il a envie de charger une nana. Parfois tu penses que l'arrêt où tu as vu des gens monter est le bon... mais erreur: tu restes des heures à voir passer des bus sous ton nez). silent
Quelle chance! Le bus stoppe juste devant moi, il est complètement blindé de gens. Je me faufile comme un foetus en train de naître et je trouve enfin une place, au fond. La contrôleuse, avec la grâce d'un vieux cheval quittant son box pour aller à l'abattoir se dirige vers moi pour recevoir les 3dh50. Elle prend machinalement l'argent et, d'un air blazé de bipède aigrie par le travail routinier, me rends 1dh50. Je retourne dans mes pensées.
Il y avait derrière moi un mec très sexy. Une barbe légère couvrait son visage simple et beau. Il avait un regard franc et doux. Tout en prétendant regarder un autre paysage à travers la fenêtre, je me suis aperçu qu'il m'observait discrètement.
Mon coeur battait la chamade, mais je n'osais pas lui parler tout de suite. J'étais aussi pîtoyable qu'une adolescente connaissant ses premiers émois! Lui demander l'heure? non, j'avais une montre que même un bigleux n'aurait pu louper tant elle brillait. Lui demander où allait le bus? ça faisait gourde quand même, tt le monde savait qu'il allait au centreville.
Pendant que je réfléchissais à des excuses toutes aussi tartes les unes que les autres, il y a eu comme un coup de frein qui m'a rapproché de lui. J'ai tout de suite deviné ce qui était entré subitement en contact avec moi. Je sentais quelque chose de ferme et légèrement saillant contre mes fesses. J'ai pu constater qu'il faisait semblant de rien, mais qu'il ne cherchait pas à s'écarter. Moi non plus, vous l'aviez déjà deviné: je m'appliquais même à me cambrer davantage.
C'était un moment très sensuel, je le caressais discrètement, subtilement, au hasard des à-coups du bus. Je bénissais le chauffeur qui ne devait pas avoir touché sa rombière depuis trois jours et qui conduisait brusquement, comme s'il empoignait sa marâtre par les hanches.
Comme ce voyage devait être court!
Lorsqu'il est descendu du bus, je n'ai plus hésité. Je lui ai parlé, lui ai demandé s'il était d'ici, enfin de là, s'il habitait chez sa mère et d'autres choses aussi futiles qu'inutiles qui passent par la tête quand on a simplement envie d'engager une conversation...
On a pris un café, on était sur la même longueur d'onde mais... le bellâtre vivait avec sa famille, et moi j'étais chez un ami. Au Maroc ce n'est même pas la peine d'espérer rentrer discrètement dans une chambre; l'oeil des voisins y est une caméra de surveillance digne de la dernière Star Ac'! Suspect
Quant à la famille... inutile de leur faire croire qu'on allait squatter la playstation dans une chambre fermée. Les oreilles se seraient collées aux portes et les yeux aux serrures.
Que faire? Je lui ai proposé d'aller à l'hôtel. Dans les deux premiers où on s'est présentés, ils nous ont refusés car Ali était de Rabat et donc, ça leur a semblé suspect. Au troisième, ils ont dit ok, en remplissant les fiches, j'étais déjà chaud rien que de penser au moment où j'allais lui baisser son froc.
Ils nous ont conduit à l'étage et nous ont proposé... des chambres séparées. Bien sûr il fallait s'attendre à une surveillance rapprochée dans les couloirs. Débandade. Retour à la case départ, il fallait abandonner les hôtels.
Peut-être pourrions nous trouver un coin tranquille au moins pour nous embrasser. On s'est dirigé vers la plage, du côté des rochers, la nuit commençait à tomber et les gens se faisaient rares. Nous nous sommes assis, il n'y avait personne. Je lui caressais les jambes et j'allais juste l'embrasser quand un groupe de gamins a surgi de la mer. Eh merde, ici non plus ça n'allait pas le faire.
On s'est donc levés, la veste sur le bras pour cacher notre trouble.
Je devenais fou, mon désir grandissait; lui semblait près à me coincer même en plein souk... ce qui m'aurait permis de gagner un séjour dans les geôles du roi, qui sait?
Nous marchions au nord, au sud, nous tournions sans jamais trouvé d'endroit désert. Ca devenait insupportable. Quelle frustration!
La nuit était tombée, et aucun endroit ne semblait être délaissé, à notre grande déception. Aucune ruelle déserte. Aucune portion de plage qui ne soit pas dans la ligne de mire d'un curieux. J'avais des envies de braquer un bus, de squatter une villa vide, de parcourir des km pour aller me faire culbuter dans les montagnes. Et même là, je suis persuadé que les chèvres nous auraient matés.
Finalement, aussi lassés que le chien de Pavlov qui n'obtenait jamais sa bouffe, on s'est laissé nos numéros de téléphone. Il fallait bien s'y résoudre, ça ne serait pas pour cette fois.
J'ai compris grâce à cette histoire pourquoi un "local" était souvent exigé avant les rencontres: quoi de plus désopilant que d'avoir envie l'un de l'autre et de devoir rester vertueux! Ce n'est définitivement pas pour moi, la chasteté!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire